Révolution Francaise et esclavage

L’arrivée de la Révolution française le 5 mai 1789 bouleverse la France et ses colonies. De nouvelles idées voient le jour et apportent à l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Toutefois, l’Assemblée décide de maintenir l’esclavage dans ses colonies du fait des pressions subies et ne vote que pour accorder certains droits aux noirs libres. Malgré le militantisme et les efforts fournis par l’Abbé Grégoire contre l’asservissement des gens de couleur, il n’obtient que la suppression de la prime royale par tonneau sur les navires négriers le 27 juillet 1793 qui était de 60 francs par Africains depuis le 21 octobre 1787. Parallèlement, l’agitation et les tentatives d’insurrection dans les colonies les rendent plus difficiles à contrôler particulièrement à Saint-Domingue qui, pour éviter tout soulèvement incontrôlable, proclamera l’abolition de l’esclavage sur son territoire le 29 août 1793. Paris mit devant le fait accompli deux mois plus tard ne peut qu’acquiescer et uniformiser sur toutes les colonies de sorte que le 4 février 1794, 4 ans après le début de la Révolution française, la première abolition de l’esclavage est proclamée par l’Assemblée nationale.

Cependant, le 11 avril, les Anglais accostent au Gosier et la Guadeloupe passe dans leurs mains. Victor Hugues débarque le 11 juin et enrôle plus de 3000 “anciens esclaves” avec son armée régulière nommée les « sans culottes noires ». De violents combats se déroulent et le 6 octobre, le Général Graham capitule. Les derniers Anglais quittent définitivement l’île le 11 décembre et Hugues décrète l’abolition de l’esclavage le jour même. 3 000 personnes fuient alors la Guadeloupe principalement des planteurs et leur famille. Néanmoins, Victor Hugues n’accorde pas le pouvoir aux esclaves de jouir de leur liberté puisqu’il les contraint au travail forcé dans les plantations. En 1799, Napoléon 1er arrive au pouvoir par le coup d’État du 18 Brumaire. Il adopte la Loi sur la traite des noirs et le régime des colonies du 20 mai 1802 qui est un retour aux lois prévalant avant le décret du 4 février 1794. À l’origine, cette loi n’était pas supposée être effective en Guadeloupe, mais le général Richepanse la rétablit en deux étapes. Premièrement, il demanda aux soldats de couleur de remettre leurs armes et ensuite il l’imposa militairement de façon illégale entraînant la révolte des populations d’origine africaine.

Joseph Ignace et Louis Delgrès sont les têtes dirigeantes de la révolte. Joseph Ignace est alors à Pointe-à-Pitre lorsque Richepanse et ses 3750 soldats accostent sur l’île le 6 mai 1802. Il réussit à rejoindre le port de Petit-Canal afin de s’enfuir à Basse-Terre rejoindre Delgrès, colonel d’infanterie des forces armées de la Basse-Terre, le 9 mai et encourage la population à les rejoindre. Le 10 mai, maintenant chef de la résistance contre le rétablissement de l’esclavage, il est à l’origine de la "proclamation antiesclavagiste "À l’Univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir" et la fait installer sur les murs de la ville du chef-lieu. Cette déclaration se termine par son désormais célèbre cri de guerre : Vivre libre ou mourir ! Le 20 mai, il doit se retrancher dans le fort de Basse-Terre avec son “armée” qu’ils devront quitter secrètement le 22 mai puisqu’ils sont encerclés par Richepanse et ses troupes. Si Delgrès se réfugie dans l’Habitation D'Anglemont au pied de la Soufrière avec 300 hommes, Ignace part de son côté pour Pointe-à-Pitre. Le 25 mai, au terme de combat acharné contre les soldats français, Ignace se retrouve encerclé et se suicide. Le 28 mai, constatant qu’il n’a plus aucune issue, Delgrès se suicide à l’explosif avec ses troupes. L’esclavage est ensuite légalisé par l’arrêté consulaire du 16 juillet 1802. 126, 127, 128, 129, 138 et 147

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